Ils sont médecins, communicants, consultants, analystes informatiques… mais avant tout passionnés d’écriture et de partage. Des pages privées au carnet numérique citoyen, le blogging représente pour eux plus qu’un passe-temps : un outil d’expression, d’impact et de transmission. À l’occasion de la Journée mondiale du blog, célébrée chaque 31 août, découvrez les témoignages de blogueurs guinéens qui racontent leur parcours, leurs motivations et leur passion pour l’écriture.
Abdourahmane Baldé, blogueur et administrateur du blog “Le citoyen guinéen”.

« Le blogging est une passion pour moi depuis mon adolescence. J’aimais beaucoup lire et écrire, notamment en racontant ma journée. La découverte du blogging m’a permis de transformer cette passion en métier », confie le jeune blogueur.
Aujourd’hui, ses écrits abordent des faits de société comme l’immigration, les défis des mutilations génitales féminines (MGF) ou encore la paix et l’harmonie entre les Guinéens. « Mes textes ont franchi les frontières de mon pays, ce qui m’a rempli de fierté », souligne-t-il. Et même si sa vie professionnelle lui laisse peu de temps pour écrire comme avant, il blogue encore « comme si c’était la dernière fois ».
Diallo Mamadou Mouslim, analyste informatique et entrepreneur digital, fondateur de “GandalSmart”, un espace d’apprentissage tech.

Mouslim Diallo a commencé le blogging en 2014 avec son blog Esprit Jeune, un espace d’expression sur les réalités guinéennes à travers l’éducation, le numérique, la jeunesse et la culture. Pour lui, cet espace d’écriture était une voix, une fenêtre ouverte sur les enjeux qui le touchaient profondément. « Les circonstances de la vie font de nous ce que nous sommes. Je me suis lancé presque instinctivement, poussé par une curiosité insatiable, une soif d’apprendre et surtout, une envie de partager », confie t-il.
Inspiré par ses échanges avec d’autres blogueurs dont Sally Bilaly Sow, il a vite transformé son blog en outil de combat citoyen : « J’ai créé mes réseaux sociaux, non pas pour exister, mais pour dénoncer, éduquer et inspirer. Le blogging est alors devenu mon outil de combat citoyen, mon carnet de bord émotionnel, mon miroir intellectuel. J’y ai partagé mes réflexions, mes colères, mes espoirs ».
Mais aujourd’hui, son blogging a évolué : plus spécialisé, plus structuré et parfois rémunérateur : « Je me concentre sur le domaine de la tech qui me passionne profondément. Je partage mes connaissances pour encourager les jeunes à s’y intéresser, à s’y former, à s’y projeter. Le blogging reste pour moi un outil de transmission, un moyen d’impact et surtout, une partie de mon identité ».
Alimou Sow, communicant professionnel, cofondateur de l’ABLOGUI et auteur du blog “Ma Guinée Plurielle”

Ancien blogueur pour la plateforme Mondoblog, Alimou Sow a animé Ma Guinée Plurielle de 2010 à 2019, un blog dont il a tiré un livre éponyme publié chez L’Harmattan Guinée en 2017. « C’est l’envie d’écrire et de partager qui m’a motivé. À l’époque, je cherchais un moyen pour m’exercer et partager mes écrits. Internet était en pleine éclosion en Guinée avec notamment l’expansion des réseaux sociaux (Facebook et ex-Twitter). Ce fut donc une aubaine pour moi », avoue le l’écrivain.
Pendant près de dix ans, il a écrit des centaines de billets sur des sujets divers et variés de la vie quotidienne en Guinée, partagé des tranches de vie avec passion et affiné son écriture. « Grâce à ce blog, j’ai pu affiner mon écriture, partager avec des jeunes africains et du monde francophone, voyager, réseauter, apprendre beaucoup des autres. Cette passion a tracé mon chemin de communicant », explique-t-il.
S’il a ralenti en 2019 pour laisser place à la relève, il continue d’écrire autrement. « Avec le temps et la charge professionnelle, j’ai baissé le rythme et fini par m’arrêter en 2019. C’était également pour laisser la place aux plus jeunes blogueurs pour lesquels mes amis de l’époque et moi étions des pionniers. J’ai considéré qu’il était temps de passer à autre chose après que l’ABLOGUI a pris son envol avec des dizaines de jeunes blogueurs et blogueuses qui avaient pris la relève. Mais je continue à écrire et partager sous d’autres formes : un peu de littérature « amateur » et une certaine liberté d’expression sur Facebook. On ne renonce pas à sa passion », conclut-il fièrement.
Fatoumata Chérif, Consultante en Communication, Médias et Développement Durable, écocitoyenne engagée et fondatrice d’Africa 224.

Très tôt passionnée par l’écriture, Fatoumata a rejoint la plateforme Mondoblog développée par Radio France Internationale (RFI) après un parcours d’autodidacte sur Blogspot : « Très jeune, j’écrivais déjà… J’observais des choses autour de moi, de la beauté de la nature à des injustices sociales. Parfois aux choses qu’on intériorise, qu’on ne peut pas dire directement à l’entourage mais que l’écriture permettait de ressortir. Je suis de la génération qui a utilisé MSN Messenger, Badoo, Skyrock et bien d’autres applications qui permettaient d’écrire sur sa page de garde, et plus encore, d’échanger avec d’autres jeunes connectées ici en Guinée et ailleurs dans le monde. J’ai commencé à formellement bloguer sur Blogspot, une plateforme de blogs de Google simple d’utilisation et gratuite. Ensuite, j’ai été sélectionnée par Mondoblog pour intégrer ce réseau sélect de blogueurs professionnels ».
Pour elle, bloguer peut se faire de plusieurs façons : la photo, la vidéo, le podcast, le graphisme, et même le slam, avec des réseaux sociaux qui permettent aux créatifs de s’exprimer de plusieurs manières.
Aujourd’hui peu active sur Mondoblog, elle blogue autrement, via ses réseaux sociaux, en menant des campagnes citoyennes comme #SelfieDéchets ou #FemmeVision2030. « De nos jours, je suis beaucoup productive sur les réseaux sociaux comme Facebook ou LinkedIn qui me permettent de partager directement ce que je pense, de faire interagir les internautes sur des questions sociales, de mobiliser les jeunes sur des causes qui me parlent, de faire réagir les autorités sur certaines questions qui méritent leur attention. Je promeus aussi la valorisation du contenu local à travers l’artisanat et l’autonomisation des femmes. C’est donc naturellement que ces actions sont pour moi, ma façon de bloguer. Au-delà, c’est d’engager les communautés pour co-créer des solutions ensemble à travers l’engagement citoyen et la transformation de nos communautés afin qu’elles s’intéressent au développement de notre pays. Bloguer, c’est avant tout, s’engager, impacter, inspirer ! », décrit l’activiste.
Alpha Oumar Baldé, Doctorant en médecine, fondateur de Djikké Média, Community manager et administrateur du “Blog de Doudou”.
Alpha Oumar Baldé dit “Doudou” découvre le blogging sans le savoir en 2010, avec un journal personnel sur My Opera. Ensuite, il crée ses blogs sur Blogger, puis Mondoblog à la fermeture de My Opera. C’est en 2016 qu’il rejoint Mondoblog, où il consolide sa plume et son engagement.
Avec des écrits centrés sur les sujets de société, d’environnement, la lutte contre les discours haineux et la culture guinéenne, “Doudou” continue d’écrire, confiant que « les mots peuvent faire bouger les lignes : informer, sensibiliser et créer des ponts entre idées et action ».
Après plus de 100 billets publiés chez Mondoblog, il prépare le lancement de son propre blog auto-hébergé, spécialisé en open source : « l’occasion de révéler [son] côté “geek”.».
Et vous, qu’attendez vous pour faire comme eux ? Ecrivez, partagez, inspirez. Bloguez, lisez, partagez… Le blog est notre espace de liberté : faites entendre votre voix, laissez vos idées prendre vie et touchez le monde.
Ce billet collectif a été compilé par Elisabeth Zézé Guilavogui et édité par Thierno Ciré Diallo.