Dans sa démarche visant à accompagner la Guinée à adhérer au gouvernement ouvert et à encourager l’ouverture des données publiques, ABLOGUI a organisé une formation du 26 février au 2 mars 2018 à Conakry. Une session à la fois théorique et pratique dont l’objectif était d’initier des acteurs de la société civile et des cadres de certains départements ministériels aux ressources des données ouvertes, à leur réutilisation et diffusion pour les débats d’intérêt général.
Au total 26 personnes issues de la société civile et du gouvernement ont bénéficié de cette formation intitulée “Open Data à l’usage de la société civile et de l’administration publique”. Elle était axée sur des démarches d’ouverture des données publiques, la réutilisation de la data, son intérêt dans la redevabilité et la transparence de l’action publique.
Le mouvement Open Guinée soutenu par OSIWA, l’ambassade de Grande Bretagne en Guinée et CFI mobilise la société civile et engage des plaidoyers en faveur de l’Open Data. Il soutient les efforts du gouvernement pour son adhésion au Partenariat pour un Gouvernement Ouvert (OGP – selon son sigle en anglais).
La Guinée réalise des progrès pour son l’adhésion à l’OGP
En août 2017, une plateforme de la société civile pour le gouvernement ouvert a été créée. Des plaidoyers ont été organisés pour accélérer le processus. Le 5 décembre 2017, le Premier Ministre a créé un comité interministériel pour l’adhésion de la Guinée à l’OGP. Avec l’engagement du Ministre du budget et de la Ministre de l’économie et des finances, le gouvernement a sollicité l’intégration de la Guinée dans l’enquête du budget ouvert. Ceci permettrait au pays d’améliorer son score d’éligibilité qui est de 8 sur 12 points requis. Dans les prochains mois, une enquête pilote de L’International Budget Partnership (IBP) démarrera avec la collaboration de l’ABLOGUI.
Un pas en avant, deux pas en arrière ?
La cour constitutionnelle a rendu une décision qui pourrait entraîner la chute de la Guinée de sa position de pays proche de l’éligibilité. Parmi les critères d’admissibilité à l’OGP la Guinée détient le score maximal de 4 points pour la garantie constitutionnelle (article 7) et l’existence d’une loi spéciale portant droit d’accès à l’information publique. Mais en réalité cette loi, bien qu’étant votée en 2010 par le Conseil National de Transition et promulguée, n’a jamais été publiée au journal officiel. Elle n’est donc pas entrée en vigueur. C’est ainsi que la cour constitutionnelle a été saisie pour qu’elle ordonne la publication de la loi. Le 03 juillet 2017, faute d’obtenir une version officielle de la loi, la cour a rendu son arrêt selon lequel cette loi ne peut pas être appliquée.
La décision n’est pas sans conséquence. Elle remet en cause un acquis considérable. C’était une garantie légale qui obligeait les administrations à donner un accès à l’information publique aux citoyens.
Cette situation pourrait entraîner une réévaluation du score de la Guinée sur le critère “droit d’accès à l’information publique”, car c’est cette loi invalidée est répertoriée par les organismes spécialisés.
Depuis sa création en août 2017, la plateforme de la société civile pour le gouvernement ouvert a enregistré 87 adhésions de plusieurs acteurs engagés notamment des organisations, des activistes et des startuppeurs. Pour rejoindre le mouvement, les inscriptions dans les groupes thématiques sont ouvertes à cette adresse. Ce sera une occasion de travailler ensemble pour la mise en place d’un comité national avec le gouvernement, améliorer les scores d’éligibilité et élaborer le Plan d’Action National de l’OGP.